Le design industriel de véhicules et son enseignement : une introduction.





Moto électrique LITO SORA. Esquisse monochrome, tracé à la main, grisaille Photoshop,  Martin Aubé, 2010


Le dessin  d’un dessein, c’est ce que la plupart des designer industriel réalisent au quotidien avec plusieurs outils traditionnels et numériques. L’on exige d’eux, un talent artistique assumé (Dessin) ainsi qu’une capacité de synthèse, de créativité et de conceptualisation (dessein).
Le design industriel de véhicule est une spécialisation stratégique et atypique occupant un créneau unique dans la grande famille des métiers du design industriel. Cette branche s’est développée avec l’ergonomie sous l’impulsion de la commercialisation grandissante des véhicules de masse produits par de grands fabricants européen et nord-américain. La multiplication des marques forcera la différentiation stratégique (ADN). Les carrossiers, orbitant d’abord à l’extérieur des fabricants, se trouvent plus tard intégrés à même les départements de recherche et de développement de ceux-ci.

L’art est maintenant intégré au processus industriel et à l’ingénierie, comme le prouve l’appellation du premier département de design industriel captif: "GM Art & Color" en 1937. Pourtant, encore aujourd’hui, plusieurs acteurs du design industriel ont tendance à ne pas mettre de l’avant la facette artistique de leur pratique, ce sera un sujet à développer plus tard dans ce blogue.

Afin de façonner les volumétries complexes des véhicules, en tenant compte des devis de l’ingénierie et des requis de la commercialisation, les départements de design industriel sont formés d’équipes multidisciplinaires et d’outils qui demandent des manipulations physiques et des appréciations ou évaluations en pleine grandeur, vu l’enjeu de la valeur de ces objets complexes qui devront se vendre à plusieurs exemplaires.

La posture de l’enseignement du design industriel de véhicule

Classe de design industriel, discussion sur les techniques d'esquisses et de rendus avec exemples professionnels. Photo: Jean-François Lebeuf


 Il est peut-être surprenant de constater que malgré la technologie disponible, les outils de base en design industriel restent le crayon et le papier, ils doivent être la continuité parfaite de l’imagination.

« Certains peuvent croire que la pratique de l’esquisse est un savoir-faire vétuste, mais si vous avez la possibilité de visiter un studio de design, vous découvrirez une réalité bien différente. Les studios de design produisent toujours des sketches et esquisses à la main – et dans la plupart des cas, en grandes quantités. Ils sont une partie intégrante du processus décisionnel » 1 (Traduction libre)

Après ce survol du domaine du design industriel de véhicule, nous sommes à même de comprendre que son enseignement soit directement en lien avec l’utilisation de plusieurs techniques et outils physiques (analogiques) spécialisés et historiquement éprouvés. 

Une classe idéale de design industriel de véhicule se déroulerait donc ainsi : à chaque début de cours, l’ambiance est fébrile, les étudiant(e)s affichent sur de grands murs les multiples esquisses qu’ils ont produit(e)s durant la semaine. On s’autoévalue. Puis l’enseignant en fait une critique sur le vif en apportant des correctifs aux yeux de tous, qualité du tracé, de la perspective, des concepts, qualité du design. 

Une brève période de théorie accompagnée d’exemples visuels en projection donne ensuite lieu à des démonstrations d’esquisses et de conception par l’enseignant en temps réel. Les étudiants vont finalement être appelés à concevoir et matérialiser leurs idées en utilisant les outils appropriés.

Si « le développement de l’usage de la numérique relève d’une révolution culturelle qui met en cause les structures et l’organisation de l’action humaine et le rapport à la réalité »2  (Lameul, 2016)   nous pouvons affirmer que la réalité du design industriel exige des actions bien réelles, puisque sa finalité est la sculpture de la matière sous des contraintes complexes et son enseignement est étroitement lié de la proximité de l’enseignant avec ses étudiants pour émulations et communication rapide. Proximité également avec la matière et ses outils (papier, rendu, banc d’essai 3d, maquettes, etc.). La matérialité du sujet et sa finalité demandent-elles un enseignement en classe (présentiel) ou à distance par le numérique ?

1 Eissen, Koos et Steur, Roselien dans Sketching (2009).  Drawing techniques for product designers (6e éd.). Amsterdam: Bispublishers.

2Geneviève Lameul, « Postures et activité du sujet en formation :
de l’intention au geste professionnel », Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur [En ligne], 32(3) | 2016, mis en ligne le 20 décembre 2016, consulté le 04 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/ripes/1160


Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

L’atomisation des liens d’enseignement en atelier de design industriel de véhicule: Les nouvelles postures pédagogiques nécessaires à une transition numérique imposée par une pandémie virale.